Temps critiques #3

Guerre du Golfe et nouvel ordre mondial

, par Jacques Wajnsztejn

Petite radiographie de l'organisation du monde

Le système planétaire capitaliste repose sur une division internationale du travail en deux grands groupes.

Le premier groupe comprend les pays à capitaux dominants : les États-Unis et la plupart des pays de la cee. La production matérielle y est de moins en moins importante1. Le caractère de plus en plus abstrait du travail le détache de ce qui est réellement produit, qui semble avoir sa propre finalité. La production pour la production et le profit a laissé la place à une production pour la reproduction globale du système capitaliste. Et le profit ne peut être apprécié que par rapport à ce résultat final. Ce qui est essentiel, c'est la gestion du système, et la production matérielle a été progressivement déplacée vers les pays à capitaux dominés. Cette gestion passe par de grands relais nationaux : grandes banques, administrations, grosses entreprises qui, toutes, fonctionnent sur le modèle technico-bureaucratique d'État.

Trois contradictions principales rongent ces pays industrialisés du « centre » : tout d'abord le statut indirect et finalement subordonné du profit ne permet pas une totale maîtrise de la rentabilité d'ensemble. Endettement illimité, crises boursières, inflation font partie du décor ; ensuite l'économie de marché, tant vantée par les hommes politiques et les médias, n'est en fait tolérée que par la nécessité d'une reproduction aux moindres frais des marchandises destinées à la satisfaction de l'usager-consommateur, mais le fondement du système est déjà au-delà de cette réalité première. Derrière une guerre commerciale qui semble consacrer la victoire du marché et du libre-échange, les plus forts provisoirement tentent d'imposer un protectionnisme qui emprunte ses principes au défunt Comecon2 ; enfin, pour ces pays, la gestion des « ressources humaines » devient essentielle car elles sont leur seule véritable richesse. Mais cette gestion est difficile car ces ressources humaines sont rendues surabondantes par la quantité toujours plus grande de capital-machine mis en place dans la production et l'organisation de la société.

Le deuxième groupe est constitué par les pays à capitaux dominés, les pays de la production matérielle où l'exploitation du travail reste plus extensive qu'intensive. Extraction de plus-value absolue et pompage des richesses nationales en matières premières sont le fait des grandes sociétés nationales ou surtout multinationales qui opèrent à l'abri des régimes autocratiques locaux soutenus par les grandes puissances.

Cet ensemble regroupe aussi bien des pays riches, comme les pays producteurs de pétrole, que des pays pauvres chargés de fournir des produits alimentaires et de technologie primaire aux pays occidentaux.

À la marge (et non en marge !) de cette grande division, l'Allemagne et le Japon constituent deux cas particuliers ; l'Allemagne se développe à la marge des capitaux dominants : elle est encore un pays producteur, son secteur secondaire est hypertrophié par rapport au modèle occidental actuel et elle a en charge la réorganisation de l'économie productive de certains pays de l'Est ; le Japon, lui, est à la marge des pays à capitaux dominés : sa production est essentiellement destinée à l'extérieur (comme celle des « Quatre Dragons ») à fournir les pays dominants en produits manufacturés. L'exploitation de sa main-d'œuvre et son ordre social sont spécifique : le salariat généralisé n'y a produit ni l'individualisme ni le fordisme mais un mélange d'archaïsme et de modernité.

Organisation du monde et puissance militaire

Depuis plusieurs années, donc bien avant les changements en urss, on pouvait distinguer une organisation pyramidale de l'ordre mondial. Au sommet, on trouve des États-gendarmes eux-mêmes divisés en gendarme mondial (eu), gendarmes régionaux (France et Grande-Bretagne en Afrique et au Moyen-Orient ; urss au Moyen-Orient, est de l'Europe, une partie de l'Asie) et enfin en gendarmes locaux (Irak, Israël, Syrie au Moyen-Orient).

Ce qui est commun à tous ces pays, petits ou grands, c'est une puissance militaire disproportionnée par rapport à leur puissance économique. Néanmoins, ce groupe n'est pas homogène et une hiérarchisation existe, déterminée par le degré de puissance militaire, l'étendue du champ d'intervention, la maîtrise technologique des armements3. L'intervention militaire ou la pacification des régions à troubles doit pouvoir être envisagée à tout moment même si la situation normale est la paix (conseil de sécurité de l'onu). La précarité de ce système réside dans le fait que le but de chacun de ces pays est la défense de ses intérêts particuliers dans un cadre imparti par la sauvegarde globale du système.

À la base de la pyramide, on retrouve, d'un côté, des pays producteurs à capitaux dominés (nouveaux pays industrialisés, pays producteurs de matières premières ou de produits agricoles exportables) et, de l'autre, les pays producteurs à forts excédents que sont l'Allemagne et le Japon. Excédents qui doivent permettre le financement de l'ordre mondial. L'Allemagne s'occupera par exemple de l'intégration économique des pays de l'Est, le Japon financera le déficit américain et les dépenses de guerre dans le conflit du Golfe. Pour ces deux pays, la puissance économique considérable ne correspond pas à un rôle directeur du point de vue stratégique et militaire. C'est là un effet de l'ordre issu de Yalta mais la contradiction qui en découle aujourd'hui n'est pas mince et elle intervient dans les éléments qui ont pu conduire à la guerre.

La mise en place progressif du nouvel ordre mondial n'a pu se faire qu'avec l'aval de l'urss, celle-ci reconnaissant, à partir de la guerre d'Afghanistan, son incapacité à maintenir une politique des blocs, fondement de la bipolarisation du monde. Son action actuelle dans les républiques soviétiques et tout particulièrement chez les Baltes semble rentrer dans ses nouvelles attributions de gendarme régional accrédité par le laisser-faire américain.

Il y a une grosse différence entre ce nouvel ordre mondial et celui issu directement de la seconde guerre mondiale. Au temps de la bipolarisation du monde « l'ennemi » était connu et visible même si, en l'absence d'un conflit ouvert et généralisé, il avançait souvent masqué ou de manière indirecte, par conflit local interposé. Les règles du jeu étaient claires. Il n'en est plus de même quand il n'y a plus d'ennemi, que le système ne tire plus sa cohésion de sa division en deux blocs mais de son unification. Dans ce cas, il est très difficile d'en prévoir les failles et, même s'il peut y avoir une certaine conscience des risques, c'est la logique d'ensemble qui pousse à la fuite en avant. C'est très clair dans la situation actuelle : quelques semaines seulement après les fameuses décisions de destruction ou de réduction d'armements américano-soviétiques, on voit apparaître au grand jour le surarmement des puissances locales. C'est ce surarmement généralisé, renforcé par le repli soviétique, qui vient gommer la réalité des rapports de force reconnus.

Jusqu'où peut-on aller, se demandent l'Irak, Israël et la Syrie, une fois remplie leur tâche de maintien de l'ordre dans leur aire d'influence ? La tentation est grande.

Tout cela fragilise le bel ordonnancement du nouvel ordre mondial. En effet, s'il y a bien unification du monde, celle-ci souffre encore de certaines imperfections dues à des questions non encore réglées, comme celle du Moyen-Orient et du « problème » palestinien. C'est donc un terrain particulièrement sensible et en ce sens la guerre du Golfe n'est pas une surprise même si nous ne l'avions pas prévue. Ce qui constitue une surprise c'est plutôt le côté quitte ou double de l'engagement des deux acteurs principaux et le nombre élevé de participants secondaires. Comment expliquer cela ? Même si cela intervient comme un élément parmi d'autres4, les motifs économiques d'un contrôle sur le pétrole ne peuvent expliquer un tel déploiement de force. Il ne s'agit pas non plus, contrairement à ce qu'on nous rabâche sans cesse, de s'opposer à la dictature de Saddam Hussein puisque tous les pays (sauf Israël) l'ont armé et soutenu contre l'Iran et que les régimes koweïtien et saoudien sont largement aussi détestables. Cela ne peut s'expliquer que par l'importance de l'enjeu réel : la direction du système mondial. Dans un monde surarmé, dans lequel puissance politico-militaire et puissance économique ont été à ce point déconnectées, on doit faire la preuve de la nécessité et de la viabilité du nouvel ordre mondial. Les États-Unis jouent gros : leur action est un avertissement, à travers l'Irak, pour toute puissance militaire locale tentée par l'aventure et aussi un avertissement indirect à l'Allemagne et au Japon, pays sur lesquels il faudra faire pression demain5. La Grande-Bretagne et la France, anciennes puissances coloniales mais gendarmes régionaux, n'ont pas d'autre choix que de suivre les eu pour montrer l'efficience de leur armement mais aussi pour espérer faire encore bonne figure au moment des négociations de l'après-guerre. Si la France s'efforce de garder une position particulière, plus distanciée, cela provient d'un reliquat de la stratégie gaulliste dans le monde bipolarisé de l'époque précédente. La France comme image d'une troisième voie, la France amie des Arabes et de L'Afrique. Cette position est aujourd'hui désuète car il n'y a plus de deuxième ou de troisième voie possible. De là vient l'isolement des quelques durs du gaullisme ou de Chevènement. Le consensus politique des grands partis, pourtant pro-irakiens la veille, n'est pas folie guerrière ou union sacrée mais simple prise de conscience des changements opérés dans le monde6.

Ordre mondial et paix sociale

Cette organisation du monde n'est pas seulement le fruit de la structure complexe, froide et impersonnelle du Capital. En effet, la force de cohésion que recèlent les sociétés occidentales, malgré leur forte hiérarchie sociale, repose sur une sorte de conscience de leurs privilèges qui les définit comme sociétés de la satisfaction démocratique des besoins7. Ceci constitue un élément de consensus, un ciment social que nous avons trop souvent oublié ou mis de côté sans doute par méfiance de principe vis-à-vis de tout ce qui pouvait rappeler les thèses tiers-mondistes sur l'opposition entre pays bourgeois et pays prolétaires. Même si chaque pays dominant garde une orientation spécifique (leadership américain, prétentions internationales de la France), force est de constater qu'aujourd'hui ce qui prédomine c'est leur organisation en un système-monde qu'ils dirigent (fmi, banque mondiale, onu, programme militaire commun), en une nouvelle classe dominante. Cette issue inattendue des contradictions du capitalisme explique en partie l'incompréhension, en nos pays, du rôle qu'ont joué et que continuent de jouer, de manière décalée, les conflits de classes à l'échelle planétaire8.

Dans les pays industrialisés modernes, les conflits internes, devenus inexprimables dans les termes de l'idéologie de la lutte des classes, s'estompent lentement en oppositions et batailles catégorielles. De là cette tendance à s'entendre, à l'intérieur de ces nations, sur un mode de vie et des comportements dont les critères seraient définis par les nouvelles couches moyennes (mélange d'anciennes valeurs petites-bourgeoises et d'aspirations nouvelles à la consommation, à la mode, aux loisirs). Cette tendance se trouve renforcée par l'abandon des valeurs prolétariennes ou communistes qui, vaille que vaille et malgré des accès de nationalisme ou de racisme, mettaient en avant les notions de solidarité et d'intérêt collectif. Le prolétariat a disparu en tant que sujet agissant. Les réactions de nombreuses personnes à la guerre du Golfe sont à cet égard révélatrices : insister sur la tyrannie de Saddam est souvent la forme politique que prend la bonne conscience humaniste dont on peut déceler aisément la vraie nature : la défense des privilèges des couches moyennes occidentales. Et, comme souvent « à gauche », les renoncements s'accompagnent du plus grand cynisme : pourquoi renoncer à une vie facile puisque les pays du Tiers-monde montrent tous les jours qu'ils sont incapables de bien utiliser leur argent ou pire celui que nous leur donnons et ainsi de se développer sur notre modèle ? Pourquoi payer cher ou leur abandonner la maîtrise de leurs matières premières, puisque cet argent n'ira pas aux populations et que c'est leur laisser une arme de chantage entre les mains ? On se défend de tout cela en proclamant bien haut que ce n'est pas une guerre Nord-Sud et qu'il n'y a donc pas de culpabilité à être dans le camp du Nord.

Mais il ne faut pas confondre Nord et riches, Sud et pauvres, il ne faut pas confondre État et populations. L'Irak est bien un représentant du Sud mais d'un Sud qui mange à la même table que le Nord à la différence du Tchad ou du Bangladesh. C'est en cela que l'Irak paraît dangereux. En effet, qui pourrait avoir peur d'un Sud mal nourri se battant à mains nues ? L'Irak se moque d'ailleurs éperdument de ce Sud-là et serait prêt à lui vendre son pétrole encore plus cher.

Droit international et nations

Le droit international est une transcription juridique de rapports de force mondiale dans un moment historique précis. Il a consacré successivement le droit des plus forts (Realpolitik du xixe), le droit au service des vainqueurs (sdn puis onu à ses débuts), enfin le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes avec l'onu de la décolonisation. Mais ce droit était seulement formel puisqu'il ne pouvait s'exprimer que dans le cadre de la politique des blocs (cf. les échecs des tentatives neutralistes de Bandoeng entre Nehru, Tito, Soekarno). Les nouvelles indépendances nationales voyaient ainsi leur liberté aussitôt réduite par une allégeance obligée à l'un des deux blocs. Les nationalismes africains et surtout arabes s'en sont trouvés limités9. Mais dès le début des années 80, les rébellions contre l'ordre mondial ne proviennent plus des courants nationalistes en perte de vitesse mais plutôt de courants populistes religieux10 comme en Iran ou au Liban. Si on prend l'exemple de l'Iran, on voit que ce pays place d'emblée son combat au niveau d'une immense aire géographique et qu'il prône une subversion d'un ordre mondial au service du « Grand Satan ». C'est que chaque État est amené à se situer par rapport à l'ensemble de ce nouveau système unifié ; toute position indépendante le transforme en ennemi.

La guerre du Golfe montre bien l'effacement d'une référence à la nation. En France, les seuls qui la mettent en avant sont le Front national, le pcf et quelques gaullistes. Or tous, à des degrés divers, sont contre cette guerre alors que nombre d'entre eux ont une tradition de va-t'en-guerre. C'est que pour les Occidentaux, il ne s'agit pas de défendre une patrie qu'ils reconnaissent ne pas être en danger, mais il s'agit de défendre la « liberté », des positions stratégiques ou économiques. Ainsi, il y a quelques semaines, tout le monde s'interrogeait sur les risques d'un renouveau nationaliste d'une Allemagne unifiée, or l'Allemagne reste sage : elle paiera un peu mais n'enverra pas d'hommes. Professionnelle, elle attend que les belligérants usent de leurs armes chimiques afin qu'elle puisse démontrer l'efficacité de son matériel. En sous-main, elle va même jusqu'à ne pas décourager les manifestations pacifistes, objet pourtant de l'attention de tous les commentateurs de la presse internationale, qui, à défaut d'informations sur la guerre, recherchent dans ces manifestations la moindre trace d'anti-américanisme et d'antisémitisme.

Les États ne pouvant plus, dans ce nouvel ordre, ramener leurs populations sur le terrain des grandes causes nationales, il leur faut donc mettre en avant la logique de l'État, seul véritablement raisonnable : lui seul est susceptible d'envisager les problèmes dans toute sa complexité alors que le simple citoyen ne réagirait que de façon spontanée ou passionnée. C'est la revanche de l'État. Les médias ont « chauffé » l'opinion avant la guerre mais, depuis le début réel du conflit, ils ont perdu toute crédibilité et partant tout pouvoir. Les médias parlent ; l'État agit. Cela ne lui permet toutefois pas de mobiliser la population : on ne mobilise pas sur une logique de guerre !

Face à cette guerre qui se voulait propre et froide (la supériorité de la rationalité occidentale !), malgré les bavures du nouveau barbare Saddam, la majorité des gens se trouve comme extériorisée, non concernée. Peu de gens sont ouvertement pour la guerre mais le consensus doit continuer à fonctionner, ne serait-ce que par l'acceptation du fait de guerre accompli.

Malgré toutes les critiques qui peuvent être faites aux différents mouvements pacifistes, le simple fait de s'affirmer contre la guerre, et contre cette guerre, représente déjà une rupture de ce consensus. C'est visible dans la hargne actuelle des politiciens mais aussi du citoyen moyen contre les manifestations ou les déclarations rompant avec une unanimité de façade. À la limite, cette hargne est indépendante d'une position politique ou morale sur la guerre, elle est la mauvaise conscience de la paix sociale menacée.

Notes

1  – Si on excepte la production militaire qui continue à se développer et tient une part très importante dans l'investissement productif de pays comme les eu, la Grande-Bretagne et la France.

2  – Actuellement les eu tentent d'imposer au Japon un minimum de marchandises américaines à importer.

3  – Les fournisseurs d'armes sont censés compenser le risque encouru par l'armement d'autres puissances grâce à cette maîtrise technologique qui serait leur apanage. Si le cas de la révolution iranienne a semblé justifier cela, la guerre actuelle invite à nuancer ce bel optimisme.

4  – Cf dans ce même numéro, l'article de Charles Sfar.

5  – L'écart ne fera que grandir entre, d'un côté, des puissances qui n'ont pas (eu) ou plus (France et Grande-Bretagne) de stratégie industrielle mais qui se laissent guider par la logique militaro-industrielle et, de l'autre, des pays (Allemagne, Japon) qui font porter leurs efforts sur l'innovation et la production civiles. Quelques chiffres : le Pentagone assure à lui seul 40% des dépenses de recherche des eu et en France les dépenses en capital militaire atteignent 48% du montant total des investissements productifs. Sur ces questions « techniques », cf. l'article de C. Serfati, « L'économie française et le fardeau des dépenses militaires », in Les Temps modernes, nº 524, mars 90.

6  – Les réajustements ne font d'ailleurs que commencer : cela a-t-il un sens de parler de l'Europe aujourd'hui alors que le parlement européen a été incapable de prendre une position claire sur la guerre.

7  – L'individu des sociétés industrialisées est si près de la domination sur le monde qu'il lui faut absolument se distinguer du reste du monde (les pauvres, les barbares, les sous-développés) et dans le même temps continuer à croire nécessaire son activité de fourmi. Il ne faut pas qu'il puisse se concevoir oisif, suçant le sang du monde car alors il arrêterait son travail de fourmi.

8  – Le terme de classe est employé deux fois ici, non pas qu'il soit incontournable, mais faute de mieux.

9  – Ces nationalismes arabes ont eu un rôle important : ils ont réalisé un début d'industrialisation et d'urbanisation ; ils ont copié le modèle de développement capitaliste sous sa forme libérale ou étatique… mais sans aller jusqu'au bout à cause d'un environnement hostile (affaire de Suez) et de l'impossibilité de développer un capital national (pressions néocolonialistes).

10  – Ce populisme religieux est à la fois le fruit d'un développement national (il est urbain) et le signe de son inachèvement ou de son échec : les pauvres amassés dans les villes ne se transformeront pas en travailleurs. Il est le nouveau messianisme qui s'oppose à l'Islam sunnite officiel, apanage des puissants et ciment des relations tribales en milieu rural. Saddam semble avoir retenu la leçon de ses huit ans de « contacts » avec la révolution islamique. Si le nationalisme pur et dur ne paie plus, on passera à la guerre sainte.