Le premier numéro de Temps critiques paraissait il y a déjà 6 ans ! Un petit bilan s'impose car la situation a évolué, nos idées se sont précisées. S'il s'agit bien toujours du temps de la critique, il devient aussi nécessaire d'affirmer un certain nombre de choses sans pour cela qu'elles recouvrent la nature de véritables positions. En ce sens, le mouvement de novembre-décembre 95 nous indique quelques voies que nous avons mentionnées à la fin de notre supplément (…)
Numéro 9 — (Automne 1996)
Par ou la sortie ?
Contre la fausse opposition entre l’économie et le social, credo immédiat de la société capitalisée affirmons l’urgence de la politique
Table des matières
Riccardo d'Este, traducteur en Italie de nombreux articles de la revue, auteur lui-même d'articles (no 3, no 8) venait d'entrer au comité de « Temps critiques » quand soudainement il nous a quitté. De Classe operaia dans les années 60 à Comontismo dans les années 70, de longues années en prison, jusqu'au groupe 415 auquel il participait ces dernières années, Riccardo a incarné avec continuité et sans esbroufe une certaine conception de l'unité entre révolte et théorie (…)
Alors que pour le marxisme l'histoire des sociétés est vue comme celle d'une succession de modes de production, le système capitaliste, dans sa forme originelle et bourgeoise, représente pour moi le seul mode de production de l'histoire au sens strict. Si la plupart des sociétés ont connu une activité productrice, seul le capitalisme a autonomisé cette activité puis lui a subordonné les autres, assurant finalement la domination de l'économique. C'est dans cette mesure (…)
1er couplet : La fin de la modernité n’est pas une décadence Les notions actualistes de « fin de siècle » ou encore « d’époque post-moderne » ne conviennent pas pour interpréter les transformations qui opèrent dans la société d’aujourd’hui. S’il y a bien fin de la modernité, ce n’est pas au sens où l’entendent les idéologies modernistes contemporaines ; celles qui posent l’individu-démocratique, le marché mondial et les exigences de la technoscience comme un horizon indépassable pour le (…)
Aujourd’hui où s’achève l’immense cycle de vie d’homo sapiens sapiens tel qu’il a été médiatisé par ses rapports avec la nature extérieure (la biosphère) et par ses rapports avec sa nature intérieure (la réflexivité) ; aujourd’hui où la quasi-totalité des hommes, en voie d’être capitalisés, abandonnent la représentation d’une vie possible dans la communauté de l’être humain ; aujourd’hui où s’épuisent les institutions transhistoriques qui inscrivaient l’espèce humaine dans son devenir (…)
Cet article fait suite à celui paru dans le no 8 de Temps critiques. Il s'attache à mettre en perspective les luttes récentes par rapport aux transformations plus générales qui s'opèrent aujourd'hui : inessentialisation de la force de travail et donc crise de l'emploi ; éclatement des statuts de travail et des types de qualification, contradiction entre le caractère fixe de la qualification du diplôme et la flexibilité des qualifications exigées, dévalorisation des diplômes (…)
Je partirai d'un constat : celui de la confusion généralisée qui va des individus réifiés ballottés d'une particularité à une autre, aux groupes politiques, ultra-gauches, trotskystes, anarchistes, dont le seul champ d'intervention maintenant envisageable par eux est le social pour le social, et pourtant ils n'ont rien à dire ni à faire quand un mouvement social se présente. Quant aux partis étatiques, eux clament haut et fort depuis longtemps une vérité que peu entendent : « (…)
Retour vers le futur Mai-juin 68 : dernier mouvement « classiste » qui, dans sa force, réactive toutes les vieilles formes des mouvements prolétariens : grève générale, mythe du grand soir, occupation des lieux de travail, (auto)gestion ouvrière, rôle des avants-gardes… Mais ce mouvement aussi bien dans ses composantes (rôle des étudiants) que dans ses perspectives utopistes marque déjà une rupture avec l'histoire dont il se revendique. La critique du travail est énoncée et pratiquée (…)
1° – Depuis 1986 et les grèves des étudiants et des lycéens, des cheminots et des infirmier(e)s, la notion de « mouvement » et plus précisément de « mouvement social » semble supplanter tous les autres termes habituels : luttes sociales, luttes des classes… Ce phénomène, une fois généralisé prend corps dans l'expression : « les nouveaux mouvements sociaux ». Il ne s'agit pas là d'une simple question de terminologie. Ces évolutions sémantiques indiquent en fait une profonde (…)
Tracts diffusés dans le mouvement de l’automne 1995
Porte-caméras de la puissance d’État se voulant communicante, « les médiateurs » envoyés dans chaque université sont-ils autre chose qu’une banale mais néfaste diversion ? Nous n’avons rien à attendre de cette manœuvre, puisque ces envoyés ne sont que des intermédiaires médiatiques sans aucun pouvoir de médiation. Leur tour de piste accompli, ils se contenteront au mieux de transmettre à leurs envoyeurs les exigences quantifiées des universités en grève, ce que les présidents ont déjà fait (…)
Le mouvement actuel et l'attitude de la population vis-à-vis de ce mouvement se caractérisent à la fois par une conscience aiguë de l'aspect insupportable de la situation sociale et par une profonde désillusion vis-à-vis des solutions collectives. La peur règne parmi les étudiants et parmi les salariés du secteur privé. Peur de ne pas trouver de travail chez les premiers, peur de le perdre pour les seconds. Mais ce n'est pas le seul sentiment. Les étudiants votent la grève (…)
MARX INFO 2F,45 LA MINUTE Université de Nanterre, ce 28 septembre 1995 : 500 chercheurs fondent la Cinquième internationale communiste Dernier avatar du mythe de l'internationalisme prolétarien, ce Congrès Marx international peut-il dire autre chose que médiatico-marxologique ? 1895 fut un moment de défaite de ce qu'était devenu le mouvement communiste mondial ; un moment de subordination de l'union mondiale de la classe révolutionnaire par les bourgeoisies (…)
Que l’on doive mourir est bien certain. Mais que l’on doive toujours tenir par la main la sœur misérable de la mort, c’est à dire la survie forcée, eh bien ceci ne semble pas du tout inscrit dans le prétendu ordre naturel. Cependant, à cause de l’aliénation de soi et de l’expropriation des capacités manuelles et intellectuelles des humains, c’est ce qui se passe. Les pensions, par de nombreux aspects sont très significatives de cet état, même d’un point de vue conceptuel. Elles (…)
À la lecture de certains tracts de l'été, on a l'impression que le plan vigipirate et la cristallisation de la campagne anti-terroriste autour de Khaled Kelkal ont singulièrement accru les risques de confusion théorique. L'Islam et surtout l'islamisme radical sont ainsi devenus des objets de questionnement dans certains milieux libertaires et d'extrême gauche. Mais, malheureusement, ce qui préoccupe ces milieux, ce n'est pas le rapport individu-communauté en (…)