« Inédits »


  • Avant-propos à La société capitalisée. Anthologie et textes de Temps critiques (volume IV), Jacques Guigou, Jacques Wajnsztejn

    Ce volume IV de l’anthologie des textes de la revue Temps critiques qui intervient dix ans après la parution du volume III, est composé de textes déjà parus dans la revue ou sur notre site entre 2001 et 2012. Si le volume I rendait compte de la genèse de la revue et constituait un bilan des années 1960-1970 ; si le volume II posait les bases de nos développements futurs sur le travail et la valeur ; si le volume III faisait le point sur la question de la violence d’État et de la violence (...)

  • La violence du global, Temps critiques

    Le global et l’universel Dans l’altermondialisation, il y a un remake du « prolétaires de tous les pays unissez-vous ». Mais là où cette unité de la classe révolutionnaire devait se construire, à travers la médiation des nations et peuples, elle semble aujourd’hui ne plus être que de l’ordre de l’immanence, ce dont se réjouissent Negri et tous les néo-opéraïstes avec la notion de multitude. Une multitude dont les fondements sont aux antipodes de l’universalisme, dans le relativisme et (...)

  • Pulsion de mort de l’idéologie capitaliste. Économie totalitaire et paranoïa de la terreur, Robert Kurz

    Dans l’histoire de l’humanité, les grandes catastrophes symboliques ont toujours été l’occasion d’un réveil où les puissants de ce monde abandonnaient leur hybris, où les sociétés trouvaient leur miroir et reconnaissaient leurs frontières. On n’observe rien de tel après l’attaque kamikaze sur les centres nerveux des États-Unis dans la société capitaliste mondiale. C’est presque comme si l’attaque barbare venant des ténèbres de l’irrationnel avait aplati non seulement le World Trade Center, (...)

  • Capital total et prolétariat universel, Jacques Wajnsztejn

    Réponse de J. Wajnsztejn à un article de Vladimiro : « Guerre et lutte de classes sur l’horizon du marché mondial : conflits inter-impérialistes et prolétariat universel », paru dans le no 1 de la revue Karletto 1) Ce n’est pas tant la fin de l’État-nation qui invalide la position de Lénine sur l’impérialisme, que la manière avec laquelle cet État se redéploie. En effet, la forme réseau n’est pas totalement incompatible avec la forme État-nation comme j’ai essayé de le montrer dans le (...)

  • Contre l’amnésie collective et sélective, soutenons les réfugiés politiques italiens, Temps critiques

    Tract rédigé et diffusé en septembre 2002 par le « Comité pour une défense politique de Paolo Persichetti ». L’extradition, à la sauvette, de Paolo Persichetti, kidnappé le 25 août par la police française et livré à l’État italien quelques heures plus tard symbolise une collaboration non assumée de l’État français avec son homologue italien. Par-là même, la France a donc fini par répondre à une requête persistante des autorités italiennes qui, depuis 1982, réclament au moins un signe de (...)

  • Manipulation … et perte de maîtrise des dirigeants … sont bien complémentaires, Hipparchia

    Lettre d’Hipparchia à Temps critiques Manipulation (utilisation de groupes terroristes) et perte de maîtrise des dirigeants (domination du capital automate) sont bien complémentaires1 Je démarre sur la question du terrorisme. À vrai dire je ne m’y attarderai pas trop, car ceci devient finalement affaire d’intime conviction, si je puis dire. Si tu conviens que l’État (aidé par maints autres services amis) pratique le terrorisme (mais pas l’auto-terrorisme ?) comme en Italie, tu dois (...)

  • La théorie du complot est incompatible avec une conception du capital comme sujet automate, Jacques Wajnsztejn

    Réponse de J. Wajnsztejn à la lettre d’Hipparchia du 25 juin 2002 Tout d’abord sur la question du terrorisme d’État, nous ne disons pas qu’il ne puisse pas en exister un, comme cela a pu être le cas en Italie à un certain moment, mais nous récusons toute « théorie du complot » à valeur explicative des événements, a fortiori quand elle cherche à discréditer des tendances d’un mouvement révolutionnaire et cela, même si on peut être en désaccord avec ces tendances. À titre d’exemple, je te (...)

  • Les vieilles ficelles de la politique et le fonctionnement du sujet automate, Hipparchia

    Lettre d’Hipparchia à Temps critiques du 25 juin 2002. (…) Je t’envoie un des quatre textes en français que l’on trouve sur le site Krisis.org, de Kurz justement, dont vous devez connaître le Manifeste contre le travail paru chez Léo Scheer. Je pense que vous appréciez comme moi la justesse et la précision de beaucoup de points de leur critique, notamment le descriptif du monde clos que constitue le monde de la valeur, malgré les efforts déployés par la propagande pour mettre en scène un (...)

  • Propositions provisoires sur le terrorisme, Jacques Wajnsztejn

    « Dans les mains de l’État, la force s’appelle Droit. Dans les mains de l’individu, la force s’appelle crime ». L’Unique et sa propriété, Stirner. « Peu importe que la conscience soit vivante, si le bras est mort ? » Lorenzaccio, Musset. 1 – Alors que les anciennes légitimités procédaient plutôt par exclusion et répression (des « classes dangereuses »), la légitimité actuelle procède par inclusion et normalisation des groupes sociaux et des individus. C’est cela qui produit le (...)

  • Violence révolutionnaire ou terrorisme ?, Anne Sveva

    Faites-vous une différence entre violence révolutionnaire et terrorisme ? La violence révolutionnaire est une violence ciblée, dirigée contre des adversaires politiques qu’on abat (dirigeants politico-économiques ou militaires) ou dont on attaque le potentiel (casernes et commissariats, palais de justice, médias, usines). Le terrorisme vise à plonger et à maintenir des populations dans la terreur, que cela soit pour exercer un chantage sur un tiers ou pour opprimer une communauté et (...)

  • Révolte et révolution, Jacques Wajnsztejn

    L’opposition extra-légale est-elle possible dans un « État de droit » ? Est-elle légitime ? Le terme « extra-légal » ne rend pas compte de la complexité du problème ; en effet, si on regarde la RFA, on s’aperçoit que c’est l’ensemble de l’opposition extra-parlementaire qui dans sa première phase (1967-69) s’est retrouvée extra-légale (la prison pour ses chefs, puis les interdictions professionnelles, etc.) Ce n’est qu’après l’amnistie proposée par le gouvernement que s’est produite la (...)

  • La démocratie ou la légitimité à sens unique, Loïc Debray

    L’opposition extra-légale est-elle possible dans un « État de Droit » ? Est-elle légitime ? Le présupposé de cette question se situe dans un cadre légaliste, même s’il y a des guillemets à État de droit. Et la légitimité est également plus une question qui se rapporte à l’État qu’à la révolte ou à la révolution. Il existe, de fait, selon une perspective de l’État, une opposition qui va de l’illégalité des groupes de lutte armée aux gauchistes qui sont au plus près de la légalité, en (...)

  • L’unité guerre-paix dans le processus de totalisation du capital, Temps critiques

    Ce texte écrit vite et à chaud ce printemps 2003, a fait l’objet de nombreuses corrections, de fond comme de forme, de sorte que cette version pour l’anthologie peut être considérée comme la version définitive. 1 – La guerre n’est plus le moteur de l’Histoire La guerre comme accoucheuse de l’Histoire La « guerre totale » moderne, loin d’être l’une des inventions diaboliques de la révolution nazie, est bel et bien, dans tous ses aspects — sans excepter le langage — le produit (...)

  • Aux origines de la revue, Temps critiques

    Fondée en 1990, la revue Temps critiques est à la fois le fruit de nécessités objectives : les immenses transformations du système capitaliste et la caducité de la théorie du prolétariat, impliquaient un travail en profondeur sur la nouvelle période, et un bilan par rapport aux vingt années qui ont suivi Mai 68. L’éclatement des luttes de classes et l’épuisement du mouvement révolutionnaire, les replis identitaires et les dérives politiques ont entraîné une véritable pulvérisation de la (...)

  • Implication et nouvel animisme, Jacques Guigou

    Cette critique porte sur le présupposé central de l’analyse institutionnelle des actes manqués de la recherche1, à savoir l’existence et l’activité négative d’une subjectivité individuelle et collective qui exprimerait la singularité d’un ailleurs et d’un tout autre ; singularité qu’ont manifestée les avant-gardes de la modernité au XIXe et au XXe siècle dans les arts et les sciences. A. XIXe versus XXe : externisation et internisation dans les sciences Les cas d’actes manqués étudiés (...)

  • Le devenu des Héritiers (Bourdieu, 1964). Pour une critique du classisme en sociologie de l’éducation, Jacques Guigou

    Des Héritiers sans patrimoine, des individus particularisés En France, la sociologie de l’éducation a été marquée par deux écoles scientifiques et intellectuelles majeures. Celle de l’ancêtre fondateur : Émile Durkheim, qui, dans le contexte politique du développement de l’école par la IIIe République, établit la doctrine de « l’élitisme républicain » qui va influencer des générations d’enseignants et d’hommes politiques ; celle de Pierre Bourdieu, le continuateur-critique, qui, dans le (...)

  • Cité grecque et communisme, Jacques Guigou

    Extraits d’une correspondance inédite entre Jean-Pierre Courty et Jacques Guigou, 1996-97 (…) « Faire revenir la fiction (l’opposé du virtuel de Bill Gates) comme principe de la réalité, voilà quelle devrait être l’exigence minimum de la critique sociale. J’ai une thèse là-dessus que j’aimerais développer si j’ai encore le temps : notre civilisation a commencé avec les poètes, elle finit avec les économistes. Cela va d’Homère et Pindare à Keynes et Taylor. Car ce n’est pas la marchandise (...)

  • Le plaisir capitalisé, Jacques Guigou

    Publié dans Corps et culture, n° 2, 1997, pp. 127-132, [revue du Laboratoire « Corps et culture », Faculté des sciences du sport et de l’éducation physique – Université Montpellier I ainsi que dans L’Individu et la communauté humaine. Anthologie et textes de Temps critiques (volume I) Si avec l’avènement des sociétés commerçantes, le plaisir a pu devenir aussi l’objet d’un échange marchand, ce n’est que dans la société du capital totalisé d’aujourd’hui qu’il a été transformé en opérateur (...)

  • De la construction à la destruction de la subjectivité féminine, Françoise d’Eaubonne

    Ilse Bindseil examine la construction sociale de la subjectivité féminine. Il va de soi que son étude concerne l’Euro-amérique, à savoir les pays industrialisés dont la sphère marchande est devenue le seul élément réellement directionnel. Le Monde diplomatique de janvier 1994 a publié sur ce sujet un pertinent article de Roger Lesgards. Un de ses sous-titres en exprime l’essentiel : « Une démocratie réduite au laisser-faire ». Il s’agit de cette situation surprenante : le triomphe, à la (...)

  • Des rapports du concret et de l’abstrait, Jacques Wajnsztejn

    Dans l’optique des « Remarques », la communauté nationale est un mélange de concret et d’abstrait, d’ancien et de nouveau. Les individus seraient chargés de synthétiser ces éléments sous peine de schizophrénie. Or, dans la crise actuelle, cette synthèse ne se ferait plus, ce qui produirait à la fois un isolement de la critique et une tendance massive vers la volonté d’enracinement, celui-ci étant assimilé au concret. Mais ce concret serait en fait un pseudo-concret (il est une des formes (...)

  • Remarques sur le premier projet de quatrième de couverture, Bodo Schulze

    Bodo Schulze, lettre inédite à Temps critiques, janvier 1990. Dans un premier temps, le capital est présenté comme tendant à occuper l’espace-temps de l’humain. En détruisant les anciennes communautés le capital provoque en même temps la réaction des individus atomisés qui, face à ce nihilisme, se mettent à la recherche de l’identité perdue. Il s’agit donc de s’ancrer dans quelque chose de très précis, les déterminations de cette volonté étant celles de la nation1. Dans un deuxième (...)

  • La critique, à elle seule, ne résoudra pas l’aporie du sujet révolutionnaire, Jacques Wajnsztejn

    Il est juste de parler de l’inanité d’un débat théorique sur l’existence ou non du prolétariat, prolétariat qui n’existerait que s’il agit, bien que, à la réflexion, pour agir il soit obligé d’avoir une matérialité préalable ; et c’est bien cette difficulté que Marx avait essayé de résoudre avec sa distinction entre classe « en soi » et classe « pour soi ». Mais si, aussi bien dans sa conception que dans la tienne, cela présente l’intérêt d’échapper à une redéfinition de la classe en (...)

  • Du rôle respectif de la théorie et de la critique : la critique est destruction de son objet, Bodo Schulze

    Mon point de départ sera la circularité que Voyer avait posée entre la dissolution du caractère et la critique pratique de ce monde, un véritable cercle vicieux, l’énigme principale à laquelle les révolutionnaires se sont heurtés après 1968. Pour internationaliser le débat, je signale que ce même mystère avait surgi en Allemagne dès 1967, quoiqu’en termes un peu différents. Dans une discussion publique avec Marcuse sur « La fin de l’utopie », à Berlin, en 1967 (cf. H. Marcuse Das Ende der (...)

  • La critique n’est pas extérieure à son objet, Jacques Wajnsztejn

    La critique faite à la théorie du prolétariat nous a conduits au refus de lutter pour une « Cause », c’est-à-dire pour un objectif extérieur à nous-mêmes (une classe, le peuple). Dans un premier temps cela nous a portés à une méfiance vis-à-vis de toute lutte qui n’englobe pas toutes nos exigences et toutes les potentialités d’un devenir autre, d’une communauté humaine et donc à critiquer les luttes partielles ou particularistes comme étant, en dernier ressort, des éléments de (...)

  • Le devenu de l’autonomie : le néo-opéraïsme, Jacques Wajnsztejn

    Ces réflexions constituent un ajout au texte « De l’autonomie aux autonomies » Pour le Negri des années quatre-vingt et pour certains néo-opéraïstes (cf. divers numéros de la revue Futur antérieur), le « refus du travail »1 se maintiendrait même dans le retournement contre-révolutionnaire du cycle de luttes entamé dans les années 60-70. Le développement de l’économie souterraine, la multiplication des expériences productives constitueraient la nouvelle base pour une alternative. (...)

  • Mai 68, l’autogestion, les autonomies : une rupture et certaines continuités, Jacques Guigou

    Jacques Guigou, lettre à Jacques Wajnsztejn du 18 janvier 1989 Ta dernière lettre intervient, justement, dans le cours de ma tentative pour avancer une dialectisation du rapport révolution/contre-révolution prolétarienne depuis le début des années soixante. Tes remarques et tes critiques m’aident à mieux formuler certains passages restés obscurs et confus dans mon texte de l’année dernière (cf. supra p. 15-28). Ce temps, relativement long, qui a passé depuis nos premiers échanges par (...)

  • De l’autonomie aux autonomies, Jacques Wajnsztejn

    Quelle que soit la forme prise par « l’Autonomie », elle est toujours liée aux mouvements de luttes des années 60-70, mouvements qui, à des titres divers, se sont constitués en rupture avec l’ordre existant, avec les valeurs dominantes, d’où qu’elles viennent : rupture avec l’American Way of Life, rupture avec les organisations traditionnelles de la classe ouvrière, rupture avec l’acceptation d’un passé mal assumé. Ces ruptures ont été aussi bien d’ordre théorique (revisitation et (...)

  • Radicalisation ou impasse des pratiques critiques ?, Bodo Schulze

    Je tiens à rectifier un préjugé à propos de Marcuse. Il est vrai qu’on lui prête l’affirmation d’un nouveau sujet révolutionnaire sous la forme des étudiants. Or, il n’a jamais soutenu cette vision. Faisant allusion aux nouveaux besoins développés par les étudiants, il s’est limité à dire que les étudiants pourraient tout au plus fonctionner comme « un catalyseur » d’un nouveau sujet révolutionnaire (cf. An essay on liberation). (…) Cette contradiction radicalisation/fixation des « (...)

  • Le développement des « pratiques critiques », Jacques Wajnsztejn

    On peut définir les pratiques critiques comme étant des formes de contestation de l’existant qui ne se réfèrent pas directement aux classes sociales et plus précisément au mouvement prolétarien. Soit elles n’en reprennent ni les valeurs, ni les méthodes, comme c’est le cas des mouvements qui s’apparentent à un refus du travail, soit elles concernent les rapports sociaux en général et elles manifestent la crise de la centralité de la lutte des classes dans le processus de lutte contre le (...)

  • Critique de la théorie du prolétariat, Jacques Wajnsztejn

    Lettre de Jacques Wajnsztejn à Jacques Guigou (7 mai 1988) en réponse à sa lettre « De si bouleversantes nécessités » suivi d’une lettre du 2 juin 1988 Villeurbanne, le 7 mai 1988 Jacques, Bien reçu tes envois, que j’ai commencé à faire circuler. Bon, je commence à te répondre, même si ça reste un peu décousu et sous forme de lettre pour le moment. Tout d’abord, une remarque d’ordre général : si je me fie au courrier reçu ou aux discussions que j’ai pu avoir à propos de mon livre, (...)

  • De si bouleversantes nécessités, Jacques Guigou

    Lettre à Jacques Wajnsztejn à propos son livre Individu, révolte et terrorisme (Nautilus, 1987) Le génie politique consiste en l’identification de l’individu avec un principe : dans cette union il doit nécessairement triompher. Hegel Réflexion faite, l’exposé de ma critique à ton livre peut s’organiser selon quatre axes. Il s’agit d’abord de la crise du prolétariat et de sa théorie, puis de ce que tu appelles « le procès d’individualisation » et l’institution d’un (...)